Les feuilles dentelées, la vapeur d'eau modelée par les courants d'air, l'éclat numérique de ma torche portable dessinent entre les briques, l'humus et les amas de biens désagrégés des volutes de lumen frémissants. Sur une pancarte en plastique rouge, une inscription estompée laisse deviner les termes: "arrivée du téléski", avec une flèche indiquant une direction vers la gauche. Sous la pancarte, l'éclat doré d'une plaque ronde aspire le faisceau projeté par le dos de mon téléphone. Je m'accroupis, dégage avec soin la planche de plastique dont les contours ont déjà été rongés par la vie des choses qui habitent cette demeure. Cela ressemble à un volume, ou ce qu'on pourrait appeler un cahier, ou peut être encore, un livre. Les pages qui le composent sont retenues par un épais réseau de liens élastiques, certaines d'entre elles percées, d'autres amollies par la chaleur du compost qui émane du sol. À leur surface rugueuse on devine la trace d'images fixes coulées sur le papier et des lignes de texte manuscrit à l'encre noire.
La plaque ovale qui a agrippé la lumière led de mon téléphone est rivetée à sa couverture. Gravée à sa surface dans un lettrage démodé, rongée par l'oxydation du métal archaïque, on peut y déchiffrer le titre de l'ouvrage:

HISTORIQUE DES OBJETS